Experts et investisseurs tablent sur l’installation d’une industrie de la batterie électrique

L’installation d’une industrie de la batterie en RDC est en toile de fond de l’atelier sur la chaîne de valeur qui s’est ouvert lundi 25 septembre à Kinshasa et qui se clôture mardi, soit un jour après. Toutes les étapes sont scrutées de manière détaillée dans cette grand-messe organisée par le Conseil congolais de la batterie (CCB) en collaboration avec le Département d’État américain.

Acteurs politiques, investisseurs et experts du secteur minier discutent sur le chemin à suivre pour matérialiser le projet sur base des études menées et des données récoltées. “Cet événement représente l’aboutissement d’un travail de grande envergure depuis la création du Conseil congolais de la batterie”, renseigne la Cellule de presse du service public.

Au nom de l’exécutif national, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi a laissé entendre dans son mot de bienvenue, que les participants au forum vont jeter les bases d’un projet majeur qui concerne l’industrialisation de la RDC. Mais aussi, a-t-il souligné, cela va servir de moteur de croissance pour notamment reconstruire et moderniser les infrastructures industrielles.

Tenant compte de la course à laquelle se livre l’humanité pour une planète plus propre, l’argentier national a reconnu que son pays n’a servi que de réservoir des matières premières pour les pays industrialisés. Et pourtant, a-t-il remarquer, le Congo-Kinshasa produit et fournit la quantité importante des matières premières pour l’industrie de la mobilité électrique.

Changement de paradigme

Nicolas Kazadi

Le ministre Kazadi considère les assises de Kinshasa comme des moments intenses pour réfléchir sur le positionnement du pays de Félix Tshisekedi dans la chaîne de valeur de la batterie électrique. D’après lui, le challenge des Congolais consiste à mettre en place une chaîne industrielle qui ne s’arrête pas à la seule extraction des matières premières. Cependant, poursuit-il, le but est aussi d’assurer le raffinage dans les frontières nationales et la transformation jusqu’à la production de la batterie, voire du véhicule électrique.

" Au-delà de son caractère intégrateur au plan national, ce projet, nous le voulons transfrontalier, voire régional. En effet, comme n’a cessé de le répéter son initiateur, j’ai cité le président de la République, ce projet est appelé à nous rapprocher davantage de nos voisins et de nos autres frères africains, car, en dépit de l’abondance de son sous-sol, la RD Congo ne dispose pas de tous les matériaux requis pour la fabrication de la batterie électrique. A titre d’exemple, elle ne dispose pas de ressources connues en graphite alors que ce matériau est un des éléments majeurs constitutifs de la batterie. La Tanzanie voisine, le Mozambique ainsi que le Madagascar comptent aujourd’hui parmi les grands producteurs de graphite" , a-t-il commenté.

De vive voix, le membre du gouvernement assure que le projet de la chaîne de valeur de la batterie électrique dispose de nombreuses fenêtres d’opportunités. Celles-ci, renchérit-t-il, vont permettre au pays de jeter des passerelles de collaboration pour une meilleure industrialisation du continent. “Il vous appartient donc de proposer au gouvernement comment nous pouvons communautariser nos ressources et nos efforts avec les autres pays africains disposés à se lancer dans cette course de la mobilité électrique”, s’est-il ainsi adressé aux participants. L’exécutif national, a conclu Nicolas Kazadi, attend donc beaucoup de ce forum qui doit ouvrir au pays, de nouveaux créneaux d’investissement en vue d’accélérer son industrialisation.

Les attentes des partenaires

Abigail Wulf

L’atelier de Kinshasa a pour but d’expliquer et d’aller dans les détails de l’accord qui a été signé entre la RDC, la Zambie et les États-Unis d’Amérique pour créer une chaîne de valeur de la batterie qui soit durable et sûre, a-t-on appris d’Abigail Wulf, responsable de l’Asbl Safe. “On va travailler ensemble, donc RDC, Zambie et États-Unis pour rassembler les forces, faire venir les experts afin que le Congo ne se limite plus à l’extraction des produits bruts mais les transforme ici. Avec des experts américains et autres africains, on pourra faire en sorte que le Congo ne soit plus au bas de la chaîne de valeur”, a-t-elle expliqué.

D’ailleurs, Mme Wulf rappelle que son Asbl insiste sur le travail des experts afin que le Congo ne se limite plus à l’extraction des produits bruts mais les transforme. “[…] C’est vraiment un travail d’expertise et d’étude, après ces études là, on pourra voir ce qui pourrait être fait sur place parce que ça ne va pas être fait en un jour, créer des usines. C’est un travail qui sera long”, conclut-elle.